Comment organiser une journée sécurité routière en entreprise

Comment organiser une journée sécurité routière en entreprise ?

Comment organiser une journée sécurité routière en entreprise ?

La route reste l’un des premiers lieux d’accidents pour les salariés : trajets domicile–travail, tournées de livraison, déplacements commerciaux, interventions techniques, transport de marchandises ou de matériel événementiel. Organiser une journée sécurité routière en entreprise n’est donc pas un « bonus », mais un véritable investissement pour protéger vos équipes et limiter les arrêts de travail.

Bien pensée, cette journée peut réduire les comportements à risque, renforcer la culture de prévention et donner des repères concrets à tous vos collaborateurs, qu’ils soient chauffeurs-livreurs, transporteurs, coursiers ou simples automobilistes. Elle vient ainsi compléter les actions plus globales que vous menez déjà contre les accidents de la route au travail.

1. Clarifier les objectifs de votre journée sécurité routière

Avant de réserver une salle ou un intervenant, il est essentiel de définir précisément ce que vous attendez de cette journée. Plus vos objectifs sont clairs, plus votre programme sera cohérent et utile.

Quelques exemples d’objectifs concrets :

  • Réduire le nombre d’accidents de trajet domicile–travail.
  • Limiter les accidents lors de tournées de livraison (chauffeurs-livreurs, messagerie, e-commerce, etc.).
  • Sensibiliser les transporteurs, coursiers et conducteurs de poids lourds aux contraintes de fatigue et de temps.
  • Faire connaître les procédures internes en cas d’accident de la route impliquant un salarié.
  • Renforcer la culture de prévention dans toute l’entreprise, y compris auprès des salariés sédentaires.

Vous pouvez également aligner ces objectifs avec votre politique QVT (Qualité de Vie au Travail) et votre démarche plus globale de prévention, comme décrit dans vos actions pour protéger concrètement vos salariés sur la route.

2. Identifier les publics concernés et adapter les messages

Une journée sécurité routière efficace ne s’adresse pas uniquement aux conducteurs professionnels. Elle doit parler à l’ensemble des salariés, mais en tenant compte des risques propres à chaque métier.

Vous pouvez par exemple distinguer plusieurs publics :

  • Chauffeurs-livreurs et livreurs e-commerce (colis, nourriture, tournées urbaines) soumis à de fortes pressions de délais.
  • Conducteurs de poids lourds et transporteurs longue distance confrontés à la fatigue, aux longs trajets et à la manutention de charges lourdes.
  • Coursiers et livreurs deux-roues (scooter, moto, vélo, vélo cargo) particulièrement exposés en milieu urbain dense.
  • Techniciens itinérants et commerciaux qui enchaînent les rendez-vous et les kilomètres chaque semaine.
  • Salariés « classiques » pour lesquels le trajet domicile–travail reste un moment à risque.

En fonction de ces profils, vous pourrez moduler les ateliers, les exemples concrets, les supports et le niveau de technicité des contenus. Un coursier à vélo n’a pas les mêmes contraintes qu’un conducteur de semi-remorque ou qu’un chargé d’affaires qui passe sa vie entre deux rendez-vous clients.

3. Construire un programme équilibré : entre théorie et pratique

Pour maintenir l’attention des participants toute la journée, il est préférable d’alterner les formats : temps de plénière, ateliers pratiques, démonstrations, échanges de retours d’expérience, mini-tests, etc. L’idée est de créer un véritable « colloque interne » centré sur la sécurité routière, plutôt qu’une succession de monologues.

3.1. Conférence d’ouverture ou table ronde

La matinée peut démarrer par une conférence d’ouverture ou une table ronde animée par un expert de la sécurité routière, un représentant de la direction et, idéalement, un salarié (chauffeur, livreur, coursier, transporteur) qui témoigne d’une situation vécue. Ce moment permet :

  • de rappeler les enjeux humains, juridiques et financiers des accidents de la route,
  • d’expliquer la démarche de l’entreprise,
  • de donner le ton de la journée : concret, participatif et centré sur le terrain.

3.2. Ateliers pratiques pour conducteurs et livreurs

Ensuite, vous pouvez organiser des ateliers ciblés :

  • Atelier conduite et freinage d’urgence sur piste ou simulateur, pour les conducteurs de véhicules utilitaires, camions ou voitures de fonction.
  • Atelier « angles morts » autour d’un poids lourd, pour montrer les zones invisibles aux cyclistes et aux piétons.
  • Atelier manutention pour les chauffeurs-livreurs de colis et les transporteurs événementiels (chargement/déchargement de palettes, flight-cases, mobilier de stand…).
  • Atelier deux-roues pour les coursiers moto, scooter ou vélo, centré sur l’équipement, la position sur la chaussée et la gestion des intersections.

3.3. Parcours pédagogique pour tous les salariés

Parallèlement, vous pouvez proposer un « village prévention » accessible à tous :

  • stand sur les effets de la fatigue et du manque de sommeil,
  • atelier sur les distractions au volant (smartphone, GPS, appels professionnels),
  • espace dédié aux trajets domicile–travail (covoiturage, horaires décalés, organisation),
  • corner d’information sur la procédure à suivre en cas d’accident impliquant un salarié.

Ce dispositif permet d’impliquer également les salariés qui ne conduisent pas dans le cadre de leurs missions, mais qui restent exposés sur leurs trajets personnels.

4. Soigner l’organisation logistique de la journée

Une journée sécurité routière est elle-même un petit événement d’entreprise. Elle nécessite donc une logistique précise : réservation d’espaces, gestion des flux de personnes, coordination des intervenants, mise à disposition de matériel, voire de véhicules pour les démonstrations.

Quelques points à anticiper :

  • choisir un lieu adapté (parking, cour, esplanade, piste) pour les ateliers avec véhicules ;
  • prévoir des créneaux horaires par service pour éviter de bloquer toute la production ;
  • organiser les déplacements des équipes multi-sites ou des conducteurs qui partent en tournée ;
  • mettre en place un point d’accueil et d’orientation clairement identifié.

Cette dimension logistique est d’autant plus importante si vous invitez plusieurs sites ou si vous transformez la journée en véritable colloque interne, avec temps pléniers, séquences thématiques et ateliers parallèles.

5. Impliquer les partenaires internes et externes

Pour donner du poids à la journée, il est utile d’associer plusieurs acteurs :

  • la direction et les managers, afin de montrer que le sujet n’est pas seulement « RH » mais stratégique ;
  • le service prévention / HSE, qui peut apporter des données et des retours d’expérience ;
  • le CSE ou les représentants du personnel, garants du dialogue social sur ces enjeux ;
  • vos assureurs ou organismes de prévention, qui peuvent proposer des outils et animations ;
  • des spécialistes de la sécurité routière et, éventuellement, des intervenants extérieurs (médecin du travail, psychologue du travail, etc.).

L’objectif est de faire comprendre que la sécurité routière ne dépend pas uniquement du « bon comportement individuel », mais aussi de l’organisation du travail, de la planification des tournées, du matériel mis à disposition et de la culture globale de l’entreprise.

6. Donner une place spécifique aux métiers les plus exposés

Certains métiers sont en première ligne : chauffeurs livreurs de colis, conducteurs poids lourds, coursiers, transporteurs événementiels ou chauffeurs de véhicules utilitaires. Ils cumulent souvent contraintes de temps, charge physique, pression client et stress lié à la circulation.

Pour ces publics, vous pouvez prévoir :

  • un atelier spécifique sur la gestion du temps et des tournées (éviter les injonctions contradictoires : livrer vite mais sans prendre de risques) ;
  • un module sur la prévention de la fatigue et la gestion des pauses, y compris la nuit ou en horaires décalés ;
  • un temps d’échange libre où ils peuvent partager les difficultés du terrain et faire remonter leurs besoins.

Cette reconnaissance de leurs contraintes renforce leur engagement et facilite l’appropriation des messages de prévention.

7. Mesurer l’impact et inscrire la démarche dans la durée

Une journée sécurité routière n’a de sens que si elle s’inscrit dans une démarche continue. Pour cela, il est utile de prévoir dès le départ des indicateurs et un plan d’actions post-événement.

Quelques pistes :

  • questionnaire à chaud auprès des participants ;
  • suivi, sur plusieurs mois, des accidents et incidents liés à la route ;
  • mise à jour des consignes internes (livret d’accueil, notes de service, affichage) ;
  • intégration de modules sécurité routière dans les parcours d’intégration ou de formation continue.

Vous pouvez également capitaliser sur cette journée pour nourrir vos documents de prévention, enrichir vos démarches d’évaluation des risques et planifier d’autres actions (mini-formations, rappels mensuels, campagnes internes, etc.).

8. Conclusion : faire de la sécurité routière un réflexe collectif

Organiser une journée sécurité routière en entreprise, c’est bien plus que « cocher une case » dans un plan de prévention. C’est l’occasion de rassembler vos équipes autour d’un enjeu commun, de valoriser les métiers de la route (chauffeurs, livreurs, transporteurs, coursiers) et de rappeler que chaque décision organisationnelle a un impact sur la sécurité des salariés.

En définissant des objectifs clairs, en construisant un programme vivant et adapté, en soignant la logistique de l’événement et en impliquant l’ensemble des acteurs de l’entreprise, vous pouvez transformer cette journée en véritable levier de changement. Et surtout, vous envoyez un message fort : la vie et la santé de vos salariés sur la route ne sont pas négociables.

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